
je garde la réponse à vos questions par devers moi c’est que la chute a commencé du haut de l’escalier il pleuvait il se faisait tard j’étais dans la hâte d’aller là où je devrais quitter de toute façon un soir on se love dans les couvertures on dit je suis là pour rester en sachant que demain matin on partira mais rester est une histoire de mise en demeure plus on nous chasse de chez soi plus on sait que c’est là en cet espace mouvant indéterminé que se situait le point marqué d’une épinglette rouge sur la carte le domicile là où le corps fait retour pour se reposer oui on dit la signification réside dans la parole les mots comme résidences aux idées je vois une rue peuplée de petites maisonnettes colorées une phrase comme une rue à traverser je pense à la maison rose dans les nuits blanches de dosto à son effroi d’être peinte en jaune au rêveur qui ne dort jamais à son effroi à lui d’être abandonné de tous je pense au manoir rose du grand hotel budapest à la folie de wes auf wiedersehen tant d’escaliers sans issue je pense à ces endroits qui nous habitent plus que nous ne les habitons c’est que la chute a commencé du haut de l’escalier je me suis vue tomber très lentement j’ai senti l’eau de pluie frôler la semelle en polymère blanc industriel de mes chaussures qui compensent mon manque de grandeur j’ai senti le temps se compresser entre mes oreilles le mot merde se dessiner derrière mes paupières je l’avoue j’ai tout de même eu le temps de penser à beckett qui disait dans premier amour que les dérangements les arrangements bientôt on n’en parlera plus ni d’elle ni des autres ni de merde ni de ciel j’ai dévalé un certain temps il est vrai et la douleur aussi a mis un certain temps à descendre en moi une à une les marches de l’escalier